L’accompagnement en médiation animale repose sur des principes d’écoute, de respect et de personnalisation. Pour construire un plan d’interventions pertinent et efficace, il est essentiel alors de bien connaître la personne qui va être accompagnée. Et cela commence par une étape fondamentale : l’anamnèse en médiation animale.
Elle est trop souvent perçue comme une simple formalité administrative ! Pourtant l’anamnèse est pour moi le socle de tout accompagnement réussi. Elle pose les bases, prévient les erreurs, et garantit la qualité ainsi que la sécurité des séances. Dans cet article, je vous explique ce qu’est réellement l’anamnèse en médiation animale, pourquoi elle est indispensable, comment la mener efficacement, et quelles erreurs éviter.
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Qu’est-ce qu’une anamnèse en médiation animale ?
Le mot « anamnèse » vient du domaine médical. Il désigne l’ensemble des informations recueillies sur les antécédents médicaux, psychologiques, sociaux et personnels d’un individu. En médiation animale, cette démarche reste exploratoire, mais elle adopte une approche plus globale, humaine et parfois holistique.
L’objectif est de mieux comprendre le bénéficiaire. L’anamnèse en médiation animale vise à comprendre la personne dans sa globalité : son parcours de vie, ses besoins, ses limites, ses envies, ses émotions, ses capacités, ses relations avec les autres et bien entendu sa relation avec les animaux.
Il ne s’agit pas simplement de remplir une fiche, mais de créer un véritable moment d’échange, de rencontre humaine et d’écoute active. C’est ainsi le point de départ d’un accompagnement bienveillant et personnalisé.

Pourquoi l’anamnèse en médiation animale est-elle indispensable ?
Malheureusement, certaines formations pour devenir intervenant en médiation animale ne parlent même pas de l’anamnèse, ou l’évoquent de manière superficielle. Je trouve que cela crée un véritablement manque dans la posture professionnelle. Des futurs intervenants débutent alors leurs accompagnements sans cadre structurant, ni outils pour comprendre la personne accompagnée.
Par ailleurs, l’anamnèse est parfois confondue avec un simple entretien préalable. Bien qu’un entretien puisse faire partie du processus, il ne remplace pas à mon sens une anamnèse complète. L’anamnèse va bien plus loin : elle suppose un recueil méthodique d’informations médicales, psychologiques, sociales, comportementales et relationnelles, ainsi qu’une analyse des besoins réels du bénéficiaire. Ignorer cette étape, c’est prendre le risque de proposer des activités inadaptées, de faire des erreurs d’accompagnements, voire à mettre en danger la relation triangulaire.
1. Mieux comprendre la personne accompagnée
Chaque personne est unique. L’anamnèse permet de cerner son histoire, ses attentes, son quotidien, ses centres d’intérêt, ses peurs, ses fragilités et ses ressources. Ces informations sont précieuses pour créer des séances sur mesure.
💡 Exemple : si une personne préfère la musique et redoute les animaux, il sera plus judicieux de l’orienter vers des séances de musicothérapie plutôt que de forcer la médiation animale.
Ce choix montre une posture professionnelle centrée sur le bien-être de la personne.
Comme le souligne le sage-femme Nicolas Dutriaux, « L’attrait pour les animaux ainsi que ses préférences pour tel ou tel animal seront cependant adjoints à l’entretien initial », ce qui confirme l’importance d’une anamnèse approfondie.
2. Identifier les contre-indications grâce à l’anamnèse en médiation animale
Certaines situations ou pathologies peuvent rendre la médiation animale inappropriée : phobies, allergies, traitement médical, etc. L’anamnèse permet de détecter ces risques et d’adapter l’intervention en conséquence : choix de l’animal, types d’activités, durée etc…
3. Garantir la sécurité et le bien-être de tous
L’anamnèse en médiation animale aide à créer un cadre rassurant pour la personne et l’animal. Grâce cet outils, on peut anticiper les éventuelles réactions inappropriées, les stimuli à éviter, les comportements à surveiller, et assurer un cadre apaisant POUR TOUS.
4. Fixer des objectifs réalistes et mesurables
L’anamnèse est également le moment où l’on peut poser les premiers objectifs d’accompagnement : qu’attend-on de ces séances ? Quels bénéfices sont recherchés ? Sur quels aspects travailler en priorité ? Ces objectifs donneront du sens aux séances et permettront d’en évaluer l’impact en temps voulu.

Comment mener une anamnèse efficace en médiation animale ?
1. Recueillir les informations essentielles dans l’anamnèse en médiation animale
- Informations administratives : nom, âge, contacts, structure d’accueil
- Antécédents médicaux, diagnostics, traitements en cours
- Capacités motrices, cognitives et émotionnelles
- Habitudes de vie, centres d’intérêt, langage utilisé
- Relations avec les autres et avec les animaux
2. Échanger avec les référents professionnels
Quand cela est possible, dialoguer avec les éducateurs, soignants, familles ou enseignants permet d’avoir une vision plus large. En effet, ils connaissent souvent les comportements récurrents, les points sensibles ou les succès passés.
3. Observer la personne dans son environnement
Une observation directe, lors d’une première rencontre ou d’une séance d’essai, peut révéler des éléments non exprimés verbalement ou qui auraient été oubliés lors du rendez-vous de l’anamnèse : réactions corporelles, posture, regards, gestes de stress ou de confort face à un animal, etc.
4. Définir les premiers axes de travail
Sur la base des éléments recueillis, vous pouvez planifier les premières séances. Celles-ci évolueront en fonction des observations, ressentis et retours (car oui, faites confiance aussi à votre intuition et vos ressentis lors des séances !)
Cas pratiques
✔️ Cas de réussite (TSA)
Une adolescente présentant un TSA est accueillie en séance de médiation par l’animal. L’anamnèse révèle une grande sensibilité aux bruits et une peur des animaux à poils longs. L’intervenant choisit alors un cobaye à poil ras, propose des activités visuelles dans une ambiance calme. Résultat : la jeune fille progresse à son rythme et en confiance.
❌ Cas d’échec (phobie non identifiée)
Un enfant est reçu sans anamnèse préalable. Aucune information sur ses phobies n’a donc été collectée. Lors de la première séance, l’intervenant choisit de faire des activités sensorielles. L’enfant entre dans une crise de panique au cours de l’activité. L’intervention est suspendue, la relation de confiance est brisée, et les parents remettent en question l’ensemble du dispositif. En effet, on apprendra ensuite que l’enfant déteste la saleté et le choix de l’activité lui avait collé au doigts.
Autres exemples de cas
✔️ Cas de réussite (mémoire)
Un résident en EHPAD atteint de la maladie d’Alzheimer est proposé pour des séances de médiation animale. L’anamnèse révèle qu’il a grandi à la campagne, qu’il aimait beaucoup les chats, et qu’il parle souvent de ses souvenirs d’enfance avec les animaux. L’intervenant choisit donc de travailler avec un chat calme, habitué au contact humain, et organise des activités autour du soin à l’animal et de la reminiscence (jeux sensoriels, photos d’animaux de ferme, etc.). Résultat : le résident retrouve certains mots spontanément et participe avec plaisir aux séances
❌ Cas d’échec (traumatisme ignoré)
Un adolescent en difficulté scolaire et relationnelle est inscrit par ses parents à des séances de médiation par l’animal, sans qu’aucune anamnèse n’ait été réalisée. Lors de la première séance, il est mis en présence d’un chien. Or, le jeune a un passé de morsure. Pris de panique, il refuse tout contact avec l’animal. L’accompagnement est interrompu et l’enfant refuse de revenir aux séances. Dans ce cas, la réalisation d’une anamnèse aurait permis d’identifier ce traumatisme et d’adapter la séance, voire de réorienter le projet.

Une anamnèse est évolutive
L’anamnèse ne doit pas être figée. C’est un outil vivant, qui doit être révisé, complété, ajusté au fur et à mesure que la relation se construit et que les séances se déroulent. Les besoins évoluent, les objectifs se précisent, la posture du bénéficiaire peut changer.
Conclusion : professionnalisez vos anamnèses en médiation animale
L’anamnèse en médiation animale est bien plus qu’une formalité. Elle est la clé d’une démarche professionnelle. Elle permet d’adapter les interventions à chaque personne, d’identifier les risques, de construire des objectifs solides, et d’assurer un suivi qualitatif.
En prenant le temps de bien mener cette étape, vous valorisez votre rôle, affirmez votre posture d’intervenant professionnel, et maximisez les chances de réussite de vos accompagnements.
Bien connaître la personne, c’est déjà prendre soin d’elle.
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